L'art en nature d'Éveline Gallant-Fournier
Éveline Gallant-Fournier est une artiste visuelle et sculptrice bilingue acadienne de Saint-Basile, NB qui crée toutes sortes d’oeuvres incluant des sculptures impressionnantes, des tableaux, des installations extérieures surréalistes. Elle travaille avec la bronze, la céramique, des objets trouvés, l’art numérique et à peu près tout ce qu'elle peut mettre sous la main. En juillet j’ai inclus une de ses installations d'art naturel dans la 3ième édition de la revue CreatedHere, elle est également apparue sur le site en août dans le cadre de l’article à propos de l’exposition de cinq artistes acadiens au Gallery on Queen à Fredericton. Oui, en effet, Éveline est un artiste d'un tel calibre qu'elle joue essentiellement au niveau de l'équivalent de l’LNH artistique, aux côtés de all-stars comme Herménégilde Chiasson, Claude Roussel et Marie-Hélène Allain. Elle a même remporté une Éloize comme artiste de l'année en 2016 - essentiellement la coupe Stanley de l'art acadien. L’originalité et la qualité de son travail met en évidence son talent exceptionnel.
La première fois que je suis tombé sur l’art d’Éveline, j’étais fascinée, par ses installations naturelles en particulier. C’était comme si des fées étaient passées en laissant leur empreinte magique. Je savais qu’il fallait le partager. J’ai hâte de voir ce qu’elle entreprends dans le futur!
Comment es-tu devenue artiste?
Lorsque j’étais jeune, mon père dessinait parfois des caricatures de petits cochons, de chiens ou d’autres animaux pour nous amuser. Un jour, j’ai décidé de voir si je pouvais moi aussi dessiner et j’ai été surprise. C’était comme faire de la magie. À la petite école, je n’ai jamais eu peur d’aller au tableau pour dessiner à l’occasion de fêtes durant l’année scolaire et je suis vite devenue celle désignée pour faire cette tâche. Cependant, je ne me suis dit artiste que lorsque j’ai été adulte, bien des années après mes premières expositions, seulement lorsque mes pairs m’en ont convaincu.
L'installation "Khronos" aux Jardins Botaniques du Nouveau-Brunswick
Qu'est-ce qui t'inspire à créer des pièces d'art dehors?
Je ne sais pas si je suis inspirée, interpelée ou séduite par la nature. Chose certaine, cette forme d’art est vite devenu une partie essentielle de mon travail. J’avais envie d’utiliser des souches d’arbres ou des rochers comme socles. Aussi, je visualisais des champs de foin, des plages et des écosystèmes entiers comme des espaces d’expositions. La nature m’a attirée comme une fleur attire une abeille dans l’intimité de son cœur.
À quoi ressemble ton processus créatif?
En premier vient la contemplation. Je prends toujours le temps de simplement être dans le lieu. J'écoute et je ressens tout ce qui est présent et j'imagine ce qui est au delà de ce que mes yeux peuvent percevoir.
Pour l’art nature, tout se décide sur place. J'utilise seulement les matériaux qui sont là. J'utilise aussi les contours, les élévations ou les dépressions dans le sol, ainsi que les contrastes ou les perspectives dans les paysages pour faire dialoguer les œuvres avec l'environnement. J'aime beaucoup le côté éphémère de ce genre d'art et les défis de travailler avec des matériaux et des moyens très limités.
Pour ce qui est des installations éphémères, j’amène le matériel dans la nature. Les installations de formes biomorphiques, de corps ou de parties de corps en céramique biscuitées sont disposées dans la nature tels des ossements échoués dans le paysage, blanchis par le passage du temps. Mes projets d’installations s’inspirent du coté poétique de la nature et souvent portent une réflexion sur la protection de l’environnement. La plupart de ces projets se déroulent et évoluent sur plusieurs années. L’aspect migratoire des installations est une partie importante de mon processus, tout comme le recyclage de matériaux dans de nouvelles installations/compositions.
Qu'est-ce qui t'inspire à créer tes installations naturelles?
Créer dans la nature demande beaucoup d’énergie, de l’adaptation et des déplacements qui se font souvent sur de grandes distances. C’est l’aventure et j’aime bien relever des défis.
Je ressens toujours un grand bienfait quand je travaille dans la nature. Tous mes sens sont stimulés; en même temps, j’entre dans un profond espace méditatif. Je suis témoin et je participe au bourdonnement de la vie. Les poissons qui sautent dans l’eau, le va et vient de la lumière et des ombrages, la brise qui caresse le foin et milles et unes autres choses me séduisent. Je suis motivé par la création, mais aussi par l’amour - l’amour de la nature, l’amour de la beauté, l’amour de la VIE. La Terre est une grande et puissante créatrice. Elle est pour moi à la fois mentor et inspiration.
Comment vois-tu ces installations temporaires comme étant différentes que tes autres œuvres (sculptures, installations intérieures, etc)
Le côté éphémère de ce genre de travail est au cœur de la différence. Il ne reste que des souvenirs et photos, tout comme les photos d’époques révolues, seuls témoins de ce qui fut.
On voit souvent les mêmes formes répétées dans tes œuvres, comme les spirales, et les visages et formes de femmes. Qu'est-ce qu'elles représentent pour toi?
La spirale est omniprésente dans la nature. Elle est aussi une force fondamentale et primitive de la VIE, tout comme l’essence féminine. Je désire tout simplement donner une forme à cette énergie et un corps à cette essence.
Merci beaucoup d'avoir partagé avec nous, Éveline!