Visite en studio: Potier Darren Emenau

Darren Emenau

Darren Emenau

"On pourrait dire que je suis un potier, c'est ce que je suis, mais je me dirais plutôt juste quelqu’un qui travaille la glaise." - DE

Darren Emenau est un potier de la terre. Je le vois en regardant ses pièces; les couleurs terreuses et les textures écailleuses me font penser aux pierres, à la mousse et au lichen. Je l'ai entendu dans notre conversation lorsqu’il parlait de recolter l'argile au bord d’un ruisseau et de construire son propre four à bois en utilisant que des matériaux récupérés. Sa muse est Mère Nature qui lui fournit aussi son matériel, et sa connection avec la terre se reflète dans ses morceaux d’une façon unique. MNO Pottery vaut bien la peine de découvrir. Si vous ramenez quelque chose fait par Darren, vous sentirez surement la connection avec sa source, la terre elle-même.

Darren habite à Central Greenwich avec son épouse Norah et leur petite fille Lucy (dix-huit mois), et travail dans son studio au sous-sol. Un matin gris en avril, j’y suis arrivée avec ma mère et mes deux filles, Sophie ( deux ans et demi) et Fiona (dix mois). Je pensais que les petites seraient trop distrayantes, mais Darren m’a encouragé de les amener. Notre visite fut bien sûr interrompue par des couches et des collations, ainsi que des rires. C'est incroyable comment la présence des enfants met tout le monde plus à l’aise. Les filles se sont amusées à jouer avec les jouets de Lucy et le chien et le chat pendant que nous faisons la jasette avec un café (ses tasses, bien sûr) et des barres granola maison (ma contribution).

Darren est certainement un potier de profession, mais après deux heures de conversation, je crois pouvoir ajouter naturaliste, bricoleur, et chimiste expérimental à la liste. Il parlait de son amour du plein air et de faire du canot l’été, de combien il aime bâtir des choses de ses propres mains comme le comptoir et la barrière pour bébé. Et bien sur de sa passion pour l’argile. Pendant l’entrevue, il prenait différentes pièces de céramique dans sa cuisine et nous expliquait comment les combinaisons de chaleur, d’argile et d’émail pouvait donner des résultats variés. J’ai trouvé ça très fascinant quand il a parlé de l’approvisionnement local de matéraux pour son travail. Ce qui a commencé comme une simple découverte d’argile dans le ruisseau proche de chez lui a conduit a l’objectif de trouver tous les matériaux nécéssaires pour achever une pièce finie, y compris l’argile, l’émail et même le bois pour le feu du four. “En fin de compte j’ai réussis”, dit Emenau, "mais c'était un peu brun sur brun sur brun. Ca va, c'est ce que beaucoup de choses au feu de bois ressemble.” Il essaie encore de procurer des matériaux locaux autant que possible, mais il utilise aussi de l’argile et les émaux fabriquées régulières pour créer ses pièces.

Ca fait 16 ans depuis que Darren apprends et expérimente avec la potterie, mais il dit quand même, “On dit qu’il faut 20 ans pour parfaire un métier… je ne suis pas encore là.” Je crois que pour Darren travailler l’argile constitue beaucoup plus que simplement faire son pain, mais fait partie de qui il est, une expression de sa relation avec la nature et sa créativité.

Comment êtes-vous devenu potier?

Eh bien, j’ai fais cette histoire d’université, un diplôme de biologie à l'UNB à Fredericton et Concordia, mais j'ai aussi fait de la poterie à NBCCD pour trois ans. J’ai vraiment aimé ça là-bas, l’apprentissage était vraiment orienté sur la production. J’a pu devenir le premier technicien du studio d’argile et j’ai donc pu bénéficier d’un espace atelier gratuit pendant trois ans. Je suis si excité par les possibilitées illimitées de la céramique, les textures et les couleurs qu’on peut obtenir. J’adore tout le côté chimique de tout ça, on ajoute toujours des nouveaux éléments, presque comme la cuisine. J’essaie de consacrer une journée par semaine à l’expérimentation, mais ça n’arrive pas toujours.

Dites-moi comment vous avez commençé à être intéréssé à l’approvisionnement local de votre matériel:

Honnêtement, cela a commencé quand nos économies étaient un peu serrées, et j'ai trouvé un tas d'argile exposée dans le cours d'eau. Alors j'ai pensé, peut-être que je pourrais jouer avec cette argile. Parfois, je me retrouve avec trop de sable et ça tombe en morceaux, ou il y a des roches qui ne rétrécissent pas avec l’argile et peuvent causer la pièce à boucler et se fissurer. Ca arrive souvent qu’il y a des problèmes structurels. Mais ça ouvre aussi la possibilité de travailler avec les impuretés qui pourraient donner des nouveaux effets de surface que je ne pourrais pas atteindre avec la belle argile synthétique lisse comme du beurre. La rugosité me rappelle plus de la nature, de l'argile à l'état naturel. Je n'essaie pas d'imiter la nature, mais je suis inspiré par elle.

Pouvez-vous décrire votre esthétique?

J'ai plusieurs lignes différentes, mais ma passion ces jours joue avec ce que les Japonais appellent «Wabi-sabi», ce qui signifie la beauté de l'imparfait. C'est une chose très nouvelle, cette influence orientale de l'esthétique. Nous venons d'une culture européene où tout est plus symétrique, utilitaire, parfait. Mes pièces ont une rugosité, une irrégularité due à des éléments que j'ai délibérément laissé là. Parfois, il faut une petite explication sur la pièce afin de vraiment l'apprécier.

Parlez-moi de votre maison / studio:

Vivre ici, c'est comme vivre dans un chalet. Plusieurs des plus beaux moments de ma vie ont été passés dans un chalet en Nouvelle-Écosse et c'est ce que j'ai essayé de recréer ici, cette vie de chalet idyllique. C'est peut-être un peu ennuyeux après un certain temps, mais comme ça je peux faire mon travail, et après je peux profiter de la vie de chalet. Les gens me demandent pourquoi êtes-vous au Nouveau-Brunswick? Ils disent que c’est un endroit difficile à vivre, mais vraiment c’est peu coûteux et une très belle région. Je ne pouvais pas m'imaginer ailleurs. Même si nous achetons une maison en ville pour se rapprocher d’activitées pour Lucy comme le Centre aquatique et, je ne sais pas, des cours de trompette, nous allons toujours garder cette maison.

Quel est le plus grand défi que vous relevez en tant qu'artiste?

La plupart des gens pensent que les finances sont le plus grand défi et c'est quelque chose qui surgit dans ma tête. Mais j'ai toujours juste pris par. Si je n'avais pas besoin d'argent, je n'aurais probablement pas progressé au point où j'en suis. Il est bon d'avoir les loups à votre porte, il vous permet de rester en vie, il vous permet de rester sur le bord. Mais il ya un point, et je il ya eu, quand c'est tellement effrayant et il vous stresse complètement. Je pense que le plus grand défi est que vous devez garder bousculade, gardez à venir avec de nouveaux travaux. Je trouve taxer à la fois.

Sur quoi travaillez-vous ces jours-ci?

La maison. Je viens de peindre le couloir. En ce qui concerne la poterie, je viens de recevoir une énorme commande pour 168 tasses de café. J'ai besoin d'environ un mois pour assembler le nécéssaire pour toutes les étapes. C'est un peu délicat, il faut déterminer combien en faire de plus en cas de fautes, mais au moins c'est un paiement garanti à la fin.

Je travaille également sur une série de pétrins à pain historiques grâce à une subvention. En général on a trois ans pour terminer ce genre de chose, mais j’essaye de finir tôt. Ces formes sont basés sur des auges en bois taillées à la main qui ont été utilisés dans les pays d'Europe du Nord pour plus de mille ans. Je fais 20 à 30 formes inspirées par ces formes, de différentes grandeurs, dont les plus grands mesurent de trois pieds et les plus petits, trois pouces. J’en garderais surement quelques-uns. Le lieu de l’exposition n’est pas encore confirmé. (Restez à l'écoute!)

Où peut-on trouver tes oeuvres?

Gallery on Queen, Fredericton Tuck Studio, Saint Jean

En savoir plus: Site Web: mnopottery.com Lire la suite: BOY WONDER: The ceramics of Darren Emenau Pour en savoir plus sur la cuisson du four en bois, lisez Man on fire, écrit par Kate Wallace