Visite en studio: potière Ginette Arsenault

Je ferais toujours ça. J’aurais 103 ans et je serais là à tourner des pots.” - Ginette Arsenault.

Ginette Arsenault est une potière passionée. Ayant vécu beaucoup d’expériences riches avant de s’installer dans son coin tranquille à Shédiac, et maintenant elle est parfaitement heureuse à jouer dans la glaise. Elle a des histoires qu’il faudrait des heures et des jours à écouter, d’organiser des énormes évènements et de traverser l’Atlantique en bateau à voile. Ginette est une femme qui fonce vers l’avant dans tout ce qu’elle fait. C’est tout ou rien! Elle est pleine d’énergie et son apétit pour la vie est contagieux. On le voit reflété dans ses pièces créatives et colorées. Si vous avez la chance de rencontrer Ginette, préparez vous à être jaser et a être inspiré. Mon entrevue avec Ginette fut ma première en français! J’ai beaucoup apprécié son ouverture et son hospitalité chaleureuse. Le studio de Ginette est une toute petite cabane à côté de chez elle, qui déborde vraiment d’énergie créative. Il faut vendre des pièces pour faire de la place pour les nouvelles! Elle y est installée depuis 4 ans à peu près, et le côté affaires commence à bien se développer. Je ne doute pas qu’elle va continuer à évoluer son art jusqu’à ces derniers jours.

Raconte moi comment tu t’es retrouvée à faire de la poterie:

On va remonter loin dans l’temps. J’habitais à Tracadie et je voulais aller au NASCAD, je pensais faire de la photographie. Pendant que j’étais là, il fallait essayer différentes choses dans la première année. Quand j’ai touché la glaise, c’était comme un “paradigm shift”. C’était comme, ma vie avant, et ma vie après. Complètement. Ca a été une passion dès le début. J’avais un studio à Tracadie, de l’équipment, etc. Mais à un moment, j’ai pensé, et si je me fais mal aux mains? J’ai commencé à avoir des contrats et des jobs vraiment intéressants, c’était tout un parcours. J’ai été au TPA (Théâtre Populaire de L’Acadie), j’étais directrice de la programmation pour le Congrès Mondial des Acadiens en 1994 et du Village de la Francophonie en 1999 à Dieppe. Aussi le Congrès en 2004 en Nouvelle-Écosse, j’y ai habité pour 4 ans.C’est ce genre de choses que j’ai fais. Au travers des années c’était comme ça, ça me tombait dans les mains. C’était toutes des belles expériences. J’ai rencontré tant de gens intéressants. J’ai aussi traversé l’Atlantique en bateau à voile, un mois en 2004. On est partit de Le Havre, et on a atterrit à Annapolis Royale trente jours plus tard. C’était un voyage fantastique, une des belles expériences de ma vie. J’ai du déménager 18 fois dans ces 20 années là. Quand je pouvais faire de la poterie un tout petit peu, je l’ai fais. J’aimais tellement ça. Finalement j’ai décidé de me planter et de faire ce qui me passionne, pour moi.

Parle-moi de ton studio:

J’aime tellement ça ici. Je me lève le matin et j’ai hâte de commencer à travailler. Ici je peux faire ce que je veux, j’ai la flexibilite. Si j’attends que mon four refroidisse, et je peux aller marcher pour une heure. Je fais des poids dans le milieu de la journée, ça me donne de l’énergie et de la force pour ce que j’ai besoin de faire. Ca m’aide à canaliser mon énergie!

Cette année ce sera la découverte de mes limites. Là je réalise ce que je peux accomplir. C’est plus que juste faire des pots, c’est aussi les vendre. Ca prends du temps. Si c’est le samedi ou dimanche, j’organise ma vie pour être ici quand il faut. Des fois il faut commencer le four aux petites heures du matin. Travailler toute seule ça demande beaucoup de discipline. Personne vient te demander où t’en ai rendu. Ca peut être lourd pour certains, mais pour moi ça marche bien de me fixer des objectifs et de m’y rendre.

Peux-tu décrir un peu ton procéssus de création?

J’ai fais des tasses hier, elles sont chacunes différentes, grosses bedaines, petites bedaines. Pour moi je veux qu’elles fassent ce qu’elles veulent, je sers de guide. Je ne veux pas m’imposer, j’apporte ma technique à aider cette boule de terre à faire ce qu’elle veut. Je peux reconnaitre comment je me sentais quand j’ai fais une pièce. Je reconnais l’énergie que j’avais, si j’allais mal, out-of-sync, je peux le voir dans la pièce. C’est un exercice de connaissance de soi. Tu te mets dans tes créations. Il faut être complètement présent.

Te vois-tu continuer longtemps à faire de la poterie?

Absolument. À mon age j’ai beaucoup d’amis qui sont retirés, ils ont un différent style de vie. Je me sens un peu comme un “misfit”! Je veux aller travailler, je ne veux pas arrêter, je veux apprendre des nouvelles choses, je ne veux pas que ca finisse. Il y a trop de choses à faire, il manque juste le temps de tout faire!

C’est ce sentiment que j’ai donné tout ce que j’avais à donner, et maintenant c’est le temps de me donner à ce que j’aime.

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